La France, l'open-space des communautés
Publié le 23 Juillet 2014
Ces derniers jours, le spectacle du multiculturalisme en action vaut le détour. La seule chose étrange dans ce panorama est la moue de la gauche. Ben quoi ? C'est bien elle qui l'a voulu la société multiculturelle ! C'est bien elle qui a tout fait pour l'établir ! Quels ingrats ces socialistes ! Que d'enfants gâtés ! Parce que le jouet qu'ils avaient commandé à Noël n'est pas, comment dire, tout à fait à quoi ressemble ce qu'il y a sous le sapin, les voilà qu'ils boudent.
De notre côté, comment résister à la tentation de regarder tout cela avec du pop-corne au cynisme et des lunettes en 3D brevetées sarcastiques ? Nous leur avions pourtant dit qu'aucune société multiculturelle n'avait fonctionné dans l'Histoire, que les cités multiraciales étaient des cités multiracistes, et que l'immigration massive de la terre entière sur la vieille terre de France n'équivalait pas seulement à plus de diversité dans le choix des restaurants, mais également et surtout à un communautarisme nécessairement producteur de violences et de malaises.
Bref, ce genre de films finit toujours mal et nous, nous le savions. Nous avons beau avoir spoilé la fin des millions de fois, ils n'ont pas voulu nous croire. Même la droite a cédé à leur irénisme. Nous sommes restés seuls avec notre vérité. Et voilà qu'aujourd'hui, celle-ci leur éclate à la gueule.
Mais mon petit sourire au coin ne dure pas longtemps. Le regret est trop fort pour cela : les soupires remplacent vite les rictus. Car, dans ce spectacle, la France n'existe plus. Elle a abandonné. Résignée, elle regarde des musulmans choisir le camps des palestiniens en tant que musulmans, et des juifs choisir le camp d'Israël en tant que juifs, soit l'heuristique la plus parfaite du tribalisme, contraire accompli de la fameuse philosophie des lumières qui aurait dû faire que les citoyens se sentent frères en République, et qu'ils déterminent leurs opinions en fonction de leur raison et non de leur sang ou de leur religion. Drôle de retournement, quand on pense que cette situation est le fait, précisément, de laudateurs des lumières. Ces illuminés se remettront-ils en question ? J'en doute.
Pour la gauche, tout cela est particulièrement difficile. Son logiciel s'étiole totalement face à la haine des minorités entre elles. Jusqu'à présent, elle tirait sa fierté de la défense des minorités opprimées contre la majorité, et tant que les minorités n'avaient de haine que pour la majorité, tout allait bien. Elle cherchait à les excuser ; il fallait les comprendre. Qu'un musulman criât « à mort la France ! » pouvait s'expliquer, se pardonner. Mais maintenant que ce même musulman crie « à mort les juifs », alors, là, ce n'est plus pareil. La gauche regarde les communautés s'entre-déchirer comme une mère regarderait ses enfants s'entre-dévorer. Car les communautés sont bien de son fait. Elle a flatté la fierté des origines de chacun, elle a brisé l'assimilation, encouragé l'immigration, jeté l’opprobre sur l'identité française, et participé à la confusion entre un Français de confession juive et un Israélien (voir le dîner du CRIF) ainsi qu'entre un Français de confession musulmane et un membre de l'Oumma. Elle a, ce faisant, réuni les explosifs de la haine, de l'antisémitisme, de la violence inter-communautaires – bref : elle a réuni tout ce qui n'est pas la France.
Alors oui, je rigole un peu, mais ça ne dure pas longtemps. Je regrette trop la France.