L'obligation de penser le monde qui vient et d'enterrer celui qui passe

Publié le 1 Juin 2015

Que l'on s'arrête un temps sur la politique française : on n'y trouvera que de la com. Les choses qui encore se font, se font, à la limite, à l'échelon local – à l'échelon, dirons-nous, communautaire. Pour le reste, c'est à dire au niveau national, il n'y a qu'une stricte application des élans de l'époque, laquelle obéit à une décomposition progressive de tous les acquis des siècles. Le Parti Socialiste au pouvoir, à la suite de l'UMP, détricote les fondamentaux de la France que nos grands-parents et parents ont connu : éducation, symboles, fonction publique, identité, autorité, culture, centralisation, etc. Cette politique effective de déconstruction semble être la seule possible au pouvoir, comme si elle obéissait à des impératifs qui appartiendraient à un déterminisme historique obligatoire d'intermède entre deux siècles. Quand à ceux qui briguent le pouvoir national, les Républicains et les Frontistes, leur rhétorique consiste à vouloir, justement, restaurer. Les uns et les autres veulent « restaurer l'autorité de l'Etat », « appliquer la laïcité telle qu'elle fut pensée en 1905 », « retrouver notre souveraineté nationale », « revenir à l'assimilation », quand il ne s'agit pas de « retrouver notre monnaie nationale » etc. Or, la politique des « re » est pure tautologie d'une nostalgie qui trouve, bien sûr, ses clients et ses électeurs en démocratie. Mais en fin de compte, il ne s'agit que de « com », car s'il peut être pratique de s'adresser à la foule des inquiets qui abondent toujours en périodes historiques  intermédiaires, et de s'adresser à eux à travers une redondance d'appels au passé, il n'en demeure pas moins qu'aucune politique pérenne ne peut se fonder exclusivement sur des « re ». Les exemples historiques – de Sylla, qui voulut refaire la Rome républicaine et aristocratique, à De Gaulle, qui voulut restaurer la France – montrent toujours que ces intentions ne peuvent être que passagères, et que les civilisations, comme les nations et comme les siècles, obéissent toujours à la maxime d'Héraclite : on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve. Or, l'Histoire est le fleuve par excellence.

 

Résumons :

 

1 – Nous vivons une période historique intermédiaire qui bientôt va finir, raison pour laquelle la déconstruction des fondamentaux de la France (déconstruction qui, en vérité, a déjà commencé il y a 1 ou 2 siècles) s'accélère particulièrement en ce moment.

2 – Nous entrons progressivement dans un nouveau siècle, avec ses propres conditions, temporalités, impératifs et nécessités.

3 – Les hommes politiques au pouvoir ne font qu'accompagner, consciemment ou non, cette décomposition du temps passé. Quant à ceux qui n'y sont pas, ils ne font qu'appeler à sa restauration qui jamais ne viendra, ou, au mieux, que pour un temps très court, comme les derniers soubresauts d'un mourant.

4 – Les intellectuels actuels n'ont comme seul objet de pensée la destruction du monde qu'ils connaissaient. C'est pourquoi le monde de l'intelligence passe tout entier « à droite », parce qu'il s’aperçoit du carnage et du changement mais se contente, comme les politiques, à le pleurer.

5 – La nécessité pour les intellectuels et les politiques d'aujourd'hui est plutôt de penser le monde de demain pour y projeter des volontés. Finis les « re » : il faut vouloir dans les nouvelles conditions possibles qui se mettent en place petit à petit.

 

J'imagine que tout ceci est très dur à avaler, car cela fait fi de nos affects et de notre tendresse pour un monde qu'il y a peu nous touchions encore. Pourtant, si l'on veut échapper au règne de la com et/ou de l'impuissance politique, il nous faudra faire le deuil d'un certain nombre de choses pour penser les meilleurs solutions afin d'en préserver d'autres.

 

J'ajoute qu'il ne s'agit pas là d'un fatalisme pessimiste ; au contraire : plutôt que de perdre son temps dans des combats perdus, une envie impérieuse d'affronter le monde qui vient. 

 

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K
Blablatage sans tête ni queue, qui, même assaisonné de savantes citations/références, suggère fortement un foutoir intellectuel, dans une tête bien mal armée pour aborder ce registre de questions (Europe, Nation, Etat, politique, religion, etc.).<br /> Cette personne (Rochedy) ferait probablement mieux dans la vente (de proximité) d'ustensiles de cuisine.
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O
«Que meure l'Occident pour que vive notre Europe» (Pierre Vial).<br /> Lorsqu'on a compris de quoi est fait ce monde qui n'est pas le nôtre, et lorsqu'on a compris qu'il n'est pas EN crise mais qu'il est LA crise, et qu'il fallait bien qu'il arrive à l'état où il est à présent, on n'a sûrement pas envie de le "restaurer". Mais je crois que Mr Rochedy n'ira pas aussi loin, surtout s'il s'agit de "rassembler" les gens.<br /> L'amour passionné du Réel est bien plus qu'un concept philosophique (développé à merveille par Onfray), c'est un critère de retour *authentique* à l'essence Européenne, que nous avons délaissée il y a déjà deux mille ans. Amour du Réel, inscription sur le long terme, refus de la Fatalité, éloge des valeurs Européennes "vieillottes" comme la lucidité, le courage ou le mérite ... <br /> De sorte qu'en réalité, "restaurer" versus "recréer" c'est un faux débat. Il faut déterminer quel genre d'Européens nous sommes. Le vrai, ou le Caniche ?
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Y
Je n'ai pas compris : vous proposez quoi au juste pour "aller de l'avant" ?
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Y
L'idéologie issue du ressentiment est l'arme philosophique de la lutte des classes. La lutte des classes est fonction de l'Histoire. Le système politique se savonne avec.<br /> <br /> Toute philosophie part d'une certaine hiérarchisation des instincts, variable avec les époques. L'instinct grégaire laisse place à la jouissance immédiate, dans la Rome antique, dans la Grèce antique enrichie par Alex, dans Benêtland consumériste. Le holisme meurt sous la pression de la sécurité matérielle. <br /> Préjuger que la sécurité matérielle du dieu Caddie est impérissable ... et se réfugier dans une petite société capitaliste, "petite société" tocquevillienne, ersatz de la "grande société" laissée aux Seigneurs, par schizophrénie héroïque, en espérant y retrouver de vraies valeurs, est juste rigolo. Mais le potager du benêt a été proposé par Tocqueville ... c'est encore mieux.<br /> <br /> Pour instaurer la société bobo, lâcheté et individualisme, les soldats de la révolution et de l'Empire ont marqué l'Histoire en se sacrifiant, pour créer une chiure capitaliste au final, à l'insu de leur plein gré. Car EUX revivaient l'épopée historique de la république romaine et ses légions ... pas la ripoublik de la ploutocratie sexialiste et du pfennig immortel à Rothschild. Pourquoi ? Car l'idéologie n'est pas l'Histoire. <br /> Les penseurs des Lumières (et les gueux encore plus) ne voulaient pas trancher la tête du Roi. Car l'Histoire n'est pas l'idéologie.<br /> Un programme politique est une bonne réclame pour un savon. L’État se meurt de la démocratie, et réciproquement. Car un système politique n'est pas une idéologie.<br /> <br /> Le "grand remplacement", le "souchien" et Zemmour ont fait le FN pas ses orateurs (à part JMLP yen a pas). Plus exactement la prise de conscience de l'individu, visible dans son chgmt de comportement (l'écologisme bobo par ex). Le FN est juste un symptôme, LE FN N'A AUCUNE IDÉOLOGIE, il est juste le couinement du grand remplacé qui la sent, un symptôme, et ne veut pas juste demander une jupette en lieu et place de son pantalon baissé. Le FN est anti-capitaliste car le souchien a été mis profond par le Capital, est anti-musulman car le barbu est son espoir de guerre de civilisation. Il est juste formaté par le sens de l'Histoire et n'y participe pas. Sauf à faire pousser les dents des veaux. Il est juste une (contre) réclame.<br /> <br /> Mais l'idéologie qui orientera les dents, elle, attend.<br /> <br /> <br /> "Il ne suffit pas que la pensée recherche la réalisation, il faut encore que la réalité recherche la pensée." Marx
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Y
Comme se désespérait Nietzsche, "A-t-on déjà vu animal changer d'espèce ?", et si ...<br /> <br /> Toute idéologie est une "réification" d'une idée mainte fois reprise et modifiée, fonction du matérialisme historique, comme toute religion est la même, basée sur la "décence commune" ... génétique.<br /> Il est évident que la toute politique du XXIe siècle sera basée sur la mort de la Mort, cette aliénation primordiale, refus inconscient d'une conscience, mère de toute les aliénations. <br /> <br /> L'ontologie du XXIe siècle est celle du (vrai) cyborg, surhomme hypostasié par Prométhée (le titan ami...) qui invente plus que sa race mais son espèce, plus que son dieu mais qui est son Dieu lui même, plus que le paradis des houris des idéalistes mortifères d'un livre, mais le réalisme matérialiste du scientiste enfant de l'humanité retrouvé, plus que le respect des valeurs instinctives, mais l'invention des valeurs d'un nouvel esprit, et son inscription dans le code du post-humain. <br /> <br /> Du ressentiment d'une inégalité absolue capitaliste, la survie achetée sur le Grand Marché, de la nécessité du réveil du Léviathan pour maitriser cette puissance et se la réserver, de la définition de l'altérité, se distingueront les idéologies futures, les peuples futurs, les états futurs, les frontières futures, les Ordres futurs, les réifications d'idées anciennes, dans le monde du pullulement des derniers hommes.<br /> <br /> "« Féric jeta un regard aux misérables créatures affolées qui vociféraient sans conviction en brandissant leurs armes dans une piteuse démonstration de fausse bravoure. Des drogués barbus fous de Dieu y côtoyaient les mercenaires ventripotents de Black Capital, ou les pitoyables epsilons difformes, ces génétiquement abrutis imaginés par les Seigneurs Capitalistes. Puis le grand chef contempla les formations impeccables et les élégantes armures de ses puissants Cyborgs, son élite de fanatiques. Sous le regard du Titan Prométhée, devant les murailles de la Cité des Immortels, la phalange d’hoplites ressuscitée formait un magnifique contraste avec la racaille qu’elle combattait. Ce nouveau sang créé faisait monter des profondeurs de sa Terre de vieux souvenirs légendaires, et ses fureurs antiques. Quand dans le feu des grasers atomiques, les cyborgs semblaient se frayer un destin en fondant un horizon de verre; à cet instant, dans le bruit des armes, les éclats, l’odeur du feu et de l’ozone, d’huile et de métal chaud, dans cette indicible terreur, dans cette fantastique fascination, Feric vit un signe de la volonté de puissance d’un proche avenir. Cette initiation ne s’ouvrait pas seulement par le bruits des armes, mais fusionnaient aussi les esprits dans l’Idée. »<br /> 'Le Livre des Rêves de Fer' Feric Jaggar Ed cyborgiennes
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