Le libérisme : voilà l’ennemi !

Publié le 27 Août 2014

Je vous fais partager ici une synthèse très succincte d’une réflexion qui mériterait qu’on s’y attarde bien plus, ce que je ferai (ou que d'autres feront) quand j’aurai plus de temps.

 

Des années que nous sommes profondément gênés par les ambivalences du terme « libéral » dans la sémantique politique.

 

A priori, nous sommes dans une société dite « libérale ». Celle-ci se définit par :

 

  • Une liberté d’opinion, même encadrée.

  • Une démocratie représentative.

  • De nombreux droits individuels.

  • Une économie capitaliste, libre-échangiste.

 

Les pourfendeurs de la « civilisation libérale », de la droite traditionnaliste à l’extrême-gauche, rejettent souvent :

 

  • Un esprit général relativiste en tout, son absence de sacrée.

  • Une démocratie représentative qui se transforme en oligarchie et en ploutocratie.

  • Une course effrénée transformant tous les désirs individuels en « droits ».

  • Une économie qui tend à donner tout pouvoir aux acteurs privées au détriment de la force publique.

 

Les raisons de critiquer la « société libérale » sont nombreuses et légitimes, d’autant que « l’idéologie libérale » est manifestement, aujourd’hui, autant partagée par les politiques de la droite parlementaire que de la gauche parlementaire, et ce presque partout en Europe. .

 

Un gros problème demeure cependant : le mot « libéralisme » recouvre plusieurs réalités, dont certaines sont tout à fait bénéfiques pour une société.

 

Par « libéralisme », beaucoup entendent :

 

  • liberté d’entreprise, développement de l’activité.

  • baisse des charges et des impôts.

  • liberté de la presse, etc.

 

Aussi, quand des courants politiques et intellectuels dénoncent la « société libérale » ou la « civilisation libérale », poussant jusqu’à incriminer « l’ultralibéralisme », nombre de bons esprits s’insurgent, imaginant que ces détracteurs seraient par nature des « communistes » souhaitant écraser les entreprises et les foyers sous le poids des impôts, ou souhaitant brimer la liberté d’expression.

 

Pour ces bons esprits, dont beaucoup sont entrepreneurs ou de professions dites « libérales », la société n’est en aucun cas victime d’un libéralisme exacerbée, notamment quand ils voient leurs impôts augmenter régulièrement depuis des années, et des aides sociales pleuvoir sur des « assistés ».

 

Pour prendre un exemple parlant, nombreux sont les hommes et femmes politiques (y compris au Front National) qui vont dénoncer dans une même phrase « l’ultralibéralisme » et « les politiques d’austérité », celles-ci étant bien entendu la conséquence de celle-là. Or, il est bien possible qu’un petit entrepreneur ne comprenne en rien que le « libéralisme » puisse justement être la cause de l’augmentation de ses prélèvements obligatoires et du tarissement de la consommation. Il y a de fortes chances pour qu’il y voit au contraire les restes d’un Etat encore trop omnipotent et bureaucratique. Pour que cet entrepreneur comprenne cette logique perverse et à priori incohérente, il faudrait lui expliquer, entre autres, qu’en Europe, la lutte contre l’inflation est en particulier dans l’intérêt des banques et des grosses fortunes qui ne veulent pas voir déprécier leur capital ou leurs actifs, ou bien que c’est en vertu des milliards que les Etats doivent rembourser aux banques chaque année que les impôts augmentent, etc. Les raisons qui démontrent que c’est bien à « l’ultralibéralisme » que nous devons l’austérité sont nombreuses et exposées en détail ailleurs, mais cela ne tombe pas sous le sens au premier regard, et implique donc de nombreuses incompréhensions.

 

Par conséquent, toutes les critiques à l’égard du libéralisme actuel – même lorsqu’il est appelé « ultralibéralisme » – tombent dans le vide chez beaucoup de nos compatriotes.

 

Ce quiproquo et ces malentendus induits par les ambivalences du terme « libéral » neutralisent ainsi légion de discours politiques.

 

Pourtant, il faut bien dénoncer une idéologie, des principes, une praxis – qui font que :

 

  • les sociétés s’atomisent jusqu’à l’anomie, développant un individualisme extrémiste qui rompt les solidarités et les cohésions nationales et républicaines (droits à tout et n’importe quoi, rupture avec les traditions, communautarisme).

  • Tout pouvoir est donné aux multinationales et à la finance (les banques) qui, en tant qu’acteurs privés les plus puissants, s’accaparent rapidement une domination complète, au détriment de la chose publique mais également des petites et moyennes entreprises.

 

La question est – puisque nous avons déjà dit que le terme « libéralisme » n’était pas satisfaisant – sous quel vocable dénoncer ces maux ?

Libérisme :

Le libérisme (dérivé de l'italien liberismo) est un idiotisme italien introduit d'abord en anglais par le politologue Giovanni Sartori et qui désigne une doctrine du capitalisme libéral.

Sartori a importé ce mot de l'italien afin de distinguer entre le social-libéralisme, qui est généralement considéré comme une idéologie politique qui prône une intervention étendue de l'État dans l'économie, et le libéralisme économique qui propose de pratiquement éliminer cette intervention. De façon informelle, le libérisme recouvre des concepts tels que le libre-échange, le néolibéralisme, l'idéologie libertarienne et la notion française de laissez-faire.

En Italie, le libérisme est souvent identifié avec les théories de Gaetano Mosca, Luigi Einaudi et Bruno Leoni. Au niveau international, le libérisme est considéré défendu par l'École autrichienne d’économie, par exemple par Ludwig von Mises et Friedrich von Hayek.

Wikipédia

Par « libérisme », nous entendons donc : idéologie cherchant à donner tout pouvoir aux forces privées, et donc, en dernières instances, aux plus puissantes de ces forces privées : les banques et les multinationales, qui finissent immanquablement par biaiser les principes mêmes du libéralisme en mettant en place des situations monopolistiques et en asservissant toutes structures publiques/politiques qui seules peuvent protéger les plus faibles (et par faibles nous entendons non pas seulement des individus, mais aussi des forces privées de type PME/PMI).

 

Par « libérisme », nous entendons aussi : idéologie dont les seules mesures sont l’individu et ses désidératas au détriment de la société, de ses traditions, coutumes et cohésions diverses.

 

Le « libérisme » concourt donc naturellement à l’effacement des frontières (libre-circulation des hommes, des capitaux et des marchandises), à la disparition des Etats-nations et à la légitimation de tous les désirs individuels, réduits bien souvent à des objets de consommation.

 

Enfin, pour ceux qui n’auraient pas encore compris : être opposé au « libérisme », c’est tout de même souhaiter rester dans une économie de type libéral, vouloir libérer les forces productives, baisser impôts et charges et garantir une concurrence saine.

 

En somme, être un vrai libéral dans ce que le libéralisme a de meilleur, c’est être contre le libérisme qui, de surcroît, le biaise et l’entrave profondément.  

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L
La dénonciation du libéralisme comme ennemi n'est pas nouvelle. D'abord socialiste et marxiste, puis communiste, et enfin mussolinienne et hitlerrienne.Toutes ces idéologies eà la liberté en général et à la liberté économique en particulier, n'ont accouché que de régimes tyranniques ou sanguinaires. En revanche l'essor récent de l'Asie de l'Est , celui plus ancien de l'Amérique ou jadis de la Grande Bretagne fut chaque fois dû à une société civile libre prônant la liberté des affaires. Les régimes successifs que la France s'est donné, ont en revanche le plus souvent choisi de tourner le dos à la liberté économique. La Ve République de l'ENA (depuis1974) a commis le record de ruiner notre pays en temps de paix ! Dépenses publique administratives, interventionistes et sociales record mondial ! Dettes, impôts et taxes, et donc chômage record mondial ! Où sont les politiques publiques libérales en France ? Celle-ci fonctionnent très bien en Suisse, en Corée, et dans la plupart des pays de l'OCDE. Ces pays libéraux ne sont pas comme nous menacés par la banqueroute, et ne sont pas minés par le chômage de masse.<br /> <br /> Un budget à l'équilibre ne donne aucun pouvoir des prêteurs sur l'Etat. De Gaulle et Pompidou le savaient, mais ils 'étaient pas des politiciens professionnels, ne sachant rien faire d'autre.<br /> <br /> Quant à l'atomisation de la société, elle est due à la concurrence déloyale des système forcés de solidarité : Sécurité sociale, logement social, dotation et péréquation, au détriment des systèmes communautaires classiques : clan, terroirs, paroisse, famille étendue. Cette atomisation peut se combattre en rendant à l'individu sa liberté assurantielle : assurances privées concurrentielles, mutuelles, prévoyances. <br /> <br /> Se détourner du matérialisme de l'Etat-providence, faux dieu de la social-démocratie, permet de revenir à des solidarité classique : famille, terroir, paroisse.<br /> Demandez à un américain, ou un helvète si la liberté économique est contradictoire avec le christianisme !<br /> <br /> Sachant que les familles et les entreprises sont des acteurs privés, j'entends bien donner tout le pouvoir aux acteurs privés - pourvu que les entreprises soient en concurrence - au détriment des acteurs publics. En effet on voit comment une gestion raisonnable des deniers publics (1958-1973) peut être dévoyées vers toujours plus de démagogie (1974-2015) Affamer l'orgre étatique, c'est lui l'ennemi !
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P
vous êtes sûr que vous connaissez bien la pensée d'Hayek?...Savez vous qu'il a écrit par exemple: « ce qui a rendu les hommes bons n’est ni la nature ni la raison mais la tradition ». (Droit, légilsation et liberté).. <br /> <br /> Hayek ne prône en rien la loi du plus fort. L'antilibéralisme du FN ignore le fait que l'Ecole Autrichienne (dont par ex. est un disciple Ron Paul) est la plus féroce critique du néo-libéralisme qui n'est en fait que le &quot;crony&quot; capitalisme que vous dénoncez, une volonté de livrer la société à la loi du plus fort (qui s'approprie le monopole de la violence légale dont dispose l'Etat) en abolissant toutes les règles peu à peu construites par l'histoire.
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A
Le problème avec Hayek, c'est que,bien qu'il ait dit des choses justes sur l'importance de la tradition notamment, il n'a jamais entrevu la contradiction rédhibitoire qu'il y a entre l'individualisme radical et l'égoïsme propres au libéralisme d'une part et la tradition d'autre part. C'est tout l'intérêt des travaux de Jean-Claude Michéa d'avoir dévoilé cette contradiction insurmontable. L'économie libérale détruit en permanence toutes les traditions et toutes les communautés. Son expansion exige le nivellement mondial et la formation d'un ''homme liquide'' (indifférencié, nomade et désengagé de toute tradition et de toute communauté) comme l'a écrit Baumann. Par exemple, c'est le patronat libéral qui est le principal responsable de l'immigration que nous connaissons depuis 40 ans (Francis Bouygues en fut un des grands initiateurs dès les années 1960; il fut à l'origine de la loi calamiteuse sur le regroupement familial en 1975) et qui détruit notre communauté nationale et nos traditions.<br /> L'égoïsme est une ''valeur'' promue par les libéraux depuis Mandeville et Adam Smith. Vous ne pouvez donc pas écrire que le libéralisme ne promeut pas la loi du plus fort parce que dans un système économique fait pour les égoïstes ce sont les plus forts qui écrasent tous les autres et c'est bien ce à quoi nous assistons depuis le début de l'ère Thatcher- Reagan; les 1% des plus riches s'enrichissent de plus en plus et de plus en plus vite tandis que le nombre des pauvres augmente très rapidement et que les classes moyennes basculent dans la précarité. <br /> Pour limiter l'égoïsme et ses conséquences dramatiques, il faut promouvoir l'altruisme et créer les conditions de son expansion concrète. Ces conditions sont liées à l'existence de communautés dans lesquelles les liens sociaux et culturels sont forts, ce que ne sont jamais les sociétés libérales qui sont inévitablement individualistes et donc mondialistes. Le libéralisme économique induit forcément la loi de la jungle et c'est ce que, encore une fois, nous constatons. Seule la connaissance empirique a de la valeur; les spéculations intellectuelles déconnectées de l'expérience et de l'observation de la réalité ne sont que ''flatus vocis''.
A
Il me semble qu'il n'est pas possible de distinguer le libéralisme économique du libéralisme philosophico-politique et sociétal. Selon Jean-Claude Michéa, qui est un excellent analyste du libéralisme, ce dernier est un bloc; de ce fait le libéralisme philosophico-politique mène au libéralisme économique (c'est ce qui se passe à gauche) tandis que le libéralisme économique mène au libéralisme philosophico-politique et sociétal (c'est ce qui se passe à droite).<br /> Le libéralisme économique repose fondamentalement sur l'égoïsme (dont Adam Smith a fait l'apologie) et l'individualisme; comment pourrait-il se faire que cet égoïsme et cet individualisme, n'envahissent pas tout le champ des activités humaines à partir du seul champ économique ? C'est très exactement ce qui s'est passé au cours des deux derniers siècles. Le libéralisme a été cantonné aux activités économiques (il était corseté par les valeurs ''archaïques'' telles que l'honneur, l'héroïsme....issues de la société aristocratique d'ancien régime) avant qu'il investisse le champ politique puis l'ensemble de la sphère privée et ce jusqu'à la marchandisation totale de l' existence des humains.<br /> La logique du libéralisme économique le pousse inévitablement dans la direction de la marchandisation laquelle doit, pour se frayer un chemin, éradiquer toutes les valeurs ''archaïques'' (honneur, patrie, solidarité, famille....). Je ne suis pas en train de vous dire que le patronat est fondamentalement méchant ou cupide mais que la seule valeur du libéralisme économique est le profit. Sur ce point, Marx avait tout à fait raison. Je parle d'expérience puisque j'ai été directeur de sociétés pendant plus de vingt ans; j'ai donc ressenti au plus profond de moi-même ce qui se passe dans la tête d'un patron et ce que j'en ai retenu, c'est qu'un patron ,pour continuer à exister, n'a qu'une seule option possible : le profit; le profit à tout prix. C'est l'obsession du profit qui amène des patrons (parfois hostiles à l'immigration) à employer des immigrés (clandestins ou non) ou des travailleurs de l'est payés à coup de lance-pierres. Ce sont des patrons militant au FN (j'en connais) qui importent des produits fabriqués dans des pays à bas salaires ! Ce sont des patrons qui ''marchandisent'' le corps des femmes et maintenant les enfants..... <br /> Le cas de l'immigration est intéressant parce qu'il illustre bien la contradiction qu'il y a entre une vue-du-monde ''nationiste'' et les conséquences inéluctables de l'égoïsme/individualisme propre au libéralisme en général et au libéralisme économique en particulier lequel privilégie l'ouverture totale des sociétés y compris aux mouvements de populations. L'individualisme libéral ou libertaire a pour corollaires l'universalisme et le mondialisme.<br /> Le libéralisme est, du fait de l'égoïsme et de l'individualisme qu'il promeut mais aussi du fait de sa logique du seul profit, le plus radical des facteurs de désagrégation des sociétés (c'est ce qui est en cours dans tout le monde occidental et au-delà). Le lien social qui permet aux sociétés de perdurer repose essentiellement sur l'altruisme (lequel est totalement étranger au libéralisme). Plus une société est altruiste, plus elle peut durer. Une société nationale qui veut durer ne peut pas reposer sur un système économique envahissant qui impose à tout un chacun de ne considérer que son intérêt individuel ou celui des entreprises.<br /> Le problème qui se pose est que l'intérêt individuel est un des ressorts du dynamisme économique. L'étatisation de l'économie a toujours mené à des échecs. L'encadrement étatique d'une économie mixte et la répartition par l'impôt ont donné de bons résultats en Scandinavie où la solidarité et la libre initiative ont pu faire bon ménage; mais là-bas aussi le libéralisme gagne beaucoup de terrain.<br /> L'idéal consisterait à donner la propriété des moyens de production à l'ensemble des citoyens via, non pas la nationalisation, mais via des fonds souverains dont les citoyens seraient propriétaires à la hauteur de leurs versements (épargne obligatoire) proportionnels à leurs salaires. Ces fonds qui pourraient être multiples (un par région?) et qui seraient totalement déconnectés de la classe politique et des administrations étatique ou autres (ils pourraient être dirigés par des élus des citoyens-épargnants conformément aux principes coopératifs) auraient pour but d'investir dans des projets industriels de toutes natures et dans le capital de nos champions nationaux. Ce dispositif permettrait d'aboutir à terme (une génération) à un système capitaliste coopératif généralisé. Le Président d'une grande coopérative disait que l'intérêt des coopératives c'est qu'elles ne peuvent pas être délocalisées ni investies par des fonds étrangers. Le capitalisme coopératif (populaire, solidaire, démocratique et enraciné) est sans doute la seule voie permettant d'échapper aux travers du capitalisme libéral. <br /> Ceci dit et contrairement aux injonctions des libéraux, l'Etat ne peut pas être neutre au plan des valeurs. Les valeurs liées à l'altruisme et au Bien Commun (honneur, solidarité, héroïsme, patriotisme...) doivent être mises en avant par l'Etat et par l'appareil éducatif de façon à contenir en permanence les tendances égoïstes et individualistes qui sont en chacun d'entre nous.<br /> Nous en sommes très loin !
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F
@ arondel,<br /> <br /> Très intéressante cette idée de &quot;capitalisme coopératif&quot;, elle mérite d'être mise à l'épreuve dans le monde réel pour voir ce qu'elle vaut au delà de sa théorie.<br /> <br /> En tout cas, le concept a retenu mon attention, merci pour ce commentaire intelligent.
C
Tout à fait d'accord avec toi Julien !
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Z
au fait , vous avez le bonjour de Foley !!! le tournage c'est bien déroulé , la prise de son a été super , la manipulation des masses pour détourner leur attention sur les crimes Israeliens sur les populations Gazaouis a fonctionné 5/5 , j'ai mon vieux pote Oussama qui vous passe le bonjour , a+ les grimlinz ;)
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